Nice, le 24 juin 2015
Un lendemain, la beauté de l’instant, le silence
Cette exposition a été pensée, réfléchit comme un atlas de la mémoire.
« Observer ce qui se passe,
devant nos yeux, les gestes,
ce qu’on enlève,
les traces,
ce qu’il reste et devient structure potentielle. »
Le souvenir du temps qui se déploie comme un présage.
Le projet s’articule autour de la mémoire, de lieux industriels, de vestiges tels que les bunkers de Port de Bouc…
D’anciennes photographies, des documents d’archives, ainsi que des repérages photographiques récents, ont constitué la base du travail effectué durant ma résidence.
Ces données ont été réinterrogées, interprétées au travers du dessin. Celui-ci prend forme sur divers supports ; papiers, verres.
L’édition « Bribes de mémoire », 2015, composées d’une multitude de cartes, reprend l’ensemble des documents sources. Elle est présentée sur une structure en bois, qui permet la déambulation, le déplacement, nécessaire à la remémoration d’un passé.
« Récolte de bords de mer », regroupe un ensemble de dessins, un aggloméra de pierres et de coquillages devenant fossile au fil du temps. On se retrouve, tel le bunker devant des vestiges.
L’importance de ce littoral, de ce paysage, où l’horizon domine, est évoquée au travers de certain dessin tel que « Bord de mer ». Le point de vue du dessin, souligne le côté poétique et romantique qu’offre le paysage face à la mer.
« Composition abstraite 1 et 2 » évoque un souvenir flou d’un lieu. La mémoire fonctionne par bribes reconstituées.
L’installation centrale « Hybrides », souligne l’horizon et se joue de différentes structures, grues qui ont appartenu au chantier naval. Que seraient-elles devenues ? Un totem ? La beauté d’une structure édifiée telle une sculpture ? Un point de vue dominant le paysage ? Un témoin d’une époque ? Telles ces structures que l’on peut retrouver dans la zone industrielle de Brooklyn ?
Les architectures délaissées sont pour ma part de l'ordre de l'archéologie, notre archéologie.
L'industrie nous a laissé des zones, des bâtiments, des usines en friche, détruites, démolies. Une ère de réappropriation des espaces, réhabilitation du bâti.
Mon travail fonctionne comme un espace de réappropriation. Lorsque l'ensemble est déployé, dessins et structures donnent des points de vue, interrogent le paysage contemporain.
Dans chaque œuvre, je me réapproprie un espace.
Là où l’on marchait hier, on ne marche plus, là où l’on ne passait pas, on passe aujourd’hui.
C’est donc bien l’évolution perpétuelle des espaces en circulation, de végétation, de construction, qui justifie le terme de mouvement.
Résidence à Port de Bouc, février-septembre 2015
Eve Pietruschi