Cette série de captations photographiques donne un aperçu des pérégrinations de l’artiste. Feuilleter devient ici voyager, mais comme en voiture où les paysages aux airs de « déjà-vu » filent et les émotions restent. Voyageante plus que voyageuse, Eve Pietruschi préfère la prospection à la destination.
Son regard photographie des espaces-temps, des contextes de perception, des zones en mutation. Par la suite, ces relevés photographiques serviront à la création de paysages et de territoires mémoriels. Les instantanés n’ont donc pas de finalité en soi, ils ne constituent pas une œuvre en tant que telle, ils sont tout au plus une matière première à un travail plastique, une sorte de base de données visuelles. Alors pourquoi réaliser une édition de photographies si on ne se considère pas comme photographe ? Pourquoi explorer la potentialité plastique de ces tirages ? Regrouper, c’est questionner par mise en relation, par association, c’est tenter de former une pensée, un tout cohérent. Dans cet échantillonnage, certaines photographies ont déjà servi, d’autres serviront à d’éventuels dessins. Ce regroupement offre ainsi un nouveau regard sur ce matériau, ouvre un autre champ de possibles, exprime un devenir, un potentiel.
Les paysages architecturaux « sans qualité » ponctuent nos trajets en périphérie des villes ou à la campagne sans que nous leur portions un intérêt quelconque. Dépossédées de leur fonction, vestiges d’un temps qui n’est plus ou marques d’une certaine décadence, les constructions qu’Eve Pietruschi
photographie semblent vouer à disparaître aussi bien du paysage que de la mémoire collective. Utilitaires et ordinaires, ces bâtiments -entrepôts, usines ou serres…-, ont été désertés et l’artiste invite le spectateur à les réévaluer. Car c’est seulement par le regardeur qu’une renaissance est possible. Eve
Pietruschi demeure dans la simple évocation d’un possible changement. A l’image du caractère évanescent de ses œuvres, elle n’impose rien et préfère livrer de banales photographies comme autant de cartes à jouer offertes au lecteur. Eve Pietruschi est une regardeuse de choses délaissées, une exploratrice d’interstices, et ce recueil restitue un peu de son univers.
En regard des tirages, une œuvre exprime ce glissement : un simple report, extrait de l’une des photographies présente dans le portfolio, rehaussé parfois de feutre ; un vestige d’un moment traversé ; un résidu mémoriel. D’espaces indéterminés à la neutralité photographique, nous voilà face à une transposition vibrante et évocatrice, riche en réminiscences. Une rétroaction s’opère. Eve Pietruschi photographie comme elle dessine et dessine à partir de ses photographies, rejouant le processus même de la mémoire fait de la collision de moments passés, présents et futurs, existants ou absents. Il faut oublier pour se souvenir et se souvenir pour se projeter. Mais l’amnésie demeure constante. De la mémoire dépend la survie des architectures dans un contexte donné. C’est pourquoi avec la puissance eidétique des paysages, l’arpenteuse-expérimentatrice débute ici son Atlas Mnémosyne.
Rébecca François
Son regard photographie des espaces-temps, des contextes de perception, des zones en mutation. Par la suite, ces relevés photographiques serviront à la création de paysages et de territoires mémoriels. Les instantanés n’ont donc pas de finalité en soi, ils ne constituent pas une œuvre en tant que telle, ils sont tout au plus une matière première à un travail plastique, une sorte de base de données visuelles. Alors pourquoi réaliser une édition de photographies si on ne se considère pas comme photographe ? Pourquoi explorer la potentialité plastique de ces tirages ? Regrouper, c’est questionner par mise en relation, par association, c’est tenter de former une pensée, un tout cohérent. Dans cet échantillonnage, certaines photographies ont déjà servi, d’autres serviront à d’éventuels dessins. Ce regroupement offre ainsi un nouveau regard sur ce matériau, ouvre un autre champ de possibles, exprime un devenir, un potentiel.
Les paysages architecturaux « sans qualité » ponctuent nos trajets en périphérie des villes ou à la campagne sans que nous leur portions un intérêt quelconque. Dépossédées de leur fonction, vestiges d’un temps qui n’est plus ou marques d’une certaine décadence, les constructions qu’Eve Pietruschi
photographie semblent vouer à disparaître aussi bien du paysage que de la mémoire collective. Utilitaires et ordinaires, ces bâtiments -entrepôts, usines ou serres…-, ont été désertés et l’artiste invite le spectateur à les réévaluer. Car c’est seulement par le regardeur qu’une renaissance est possible. Eve
Pietruschi demeure dans la simple évocation d’un possible changement. A l’image du caractère évanescent de ses œuvres, elle n’impose rien et préfère livrer de banales photographies comme autant de cartes à jouer offertes au lecteur. Eve Pietruschi est une regardeuse de choses délaissées, une exploratrice d’interstices, et ce recueil restitue un peu de son univers.
En regard des tirages, une œuvre exprime ce glissement : un simple report, extrait de l’une des photographies présente dans le portfolio, rehaussé parfois de feutre ; un vestige d’un moment traversé ; un résidu mémoriel. D’espaces indéterminés à la neutralité photographique, nous voilà face à une transposition vibrante et évocatrice, riche en réminiscences. Une rétroaction s’opère. Eve Pietruschi photographie comme elle dessine et dessine à partir de ses photographies, rejouant le processus même de la mémoire fait de la collision de moments passés, présents et futurs, existants ou absents. Il faut oublier pour se souvenir et se souvenir pour se projeter. Mais l’amnésie demeure constante. De la mémoire dépend la survie des architectures dans un contexte donné. C’est pourquoi avec la puissance eidétique des paysages, l’arpenteuse-expérimentatrice débute ici son Atlas Mnémosyne.
Rébecca François